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Que deviennent les Éléphants de Chambéry ?

Que deviennent les Éléphants de Chambéry ?

– Photos : © Sergio Palumbo – 123 Savoie –

Un des Eléphants à la Fonderie Vincent - © Sergio Palumbo - 123 SavoieLa fontaine des éléphants  fait actuellement l’objet d’une restauration totale dans les ateliers de la fonderie Vincent, à Brignais, dans le Rhône.

Jeudi 29 janvier dernier, la Mairie de Chambéry  a organisé une visite à laquelle nous avons été conviés.

Malgré le froid et la pluie, nous n’avions qu’une hâte… voir ce que devenaient nos célébrités chambériennes : les 4 Éléphants ou « 4 sans cul » qui trônent autour d’une colonne, dédiée au Général de Boigne par la ville de Chambéry en 1838. Le monument fut réalisé par le grenoblois Pierre Victor Sappey et fut classé Monument historique le 7 mai 1982 par arrêté.

Visite des Eléphants à la Fonderie Vincent - © Sergio Palumbo - 123 Savoie Visite des Eléphants à la Fonderie Vincent 1 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie

Après un ravalement effectué à la fin des années 1970, des restaurations ont eu lieu au milieu des années 1980, restauration qui, après plus de 30 ans, ont atteint leurs limites en terme de durée de vie. Le 17 décembre 2014 dernier, les quatre éléphants de la célèbre fontaine chambérienne ont été désolidarisés un à un (lire l’article) et emmenés dans l’atelier de la fonderie Vincent, à Brignais, dans le Rhône.

Que deviennent-ils ?

Trois des quatre éléphants ont été démontés en trois parties : corps / têtes, pattes, et trompes. Un premier constat fait apparaître que si les trompes et les pattes sont en bon état, les ensembles corps / têtes sont quant à eux dégradés. Sur certains reliefs, notamment le sommet du crâne, il ne reste quasiment plus de fonte et les fissures sont visibles. Des trous laissent apparaître la résine. Cela peut s’expliquer par le fait que lors de leur réalisation, le moulage original n’a pas permis d’avoir un niveau uniforme de fonte.

Les Eléphants à la Fonderie Vincent - © Sergio Palumbo - 123 Savoie

Autre explication, les restaurations antérieures ont été faites avec des matériaux qui aujourd’hui n’apparaissent pas comme les plus performants. Une première estimation laisse penser qu’il faudra refondre les ensembles corps / têtes de trois éléphants sur quatre. Cette piste est à affiner en accord avec la CRMH (Conservation Régionale des Monuments Historiques) et l’architecte des bâtiments de France, qui suivent les travaux.

Eléphants à la Fonderie Vincent 1 - © Sergio Palumbo - 123 SavoiePour les pièces qui devront être refondues, un moule en sable sera réalisé et la fonte y sera coulée. « Les fontes actuelles sont de meilleures qualité que celles utilisées en 1838. Elles permettent de conserver une épaisseur de fonte plus constante« , explique Luc Bellon, chargé d’affaires à la fonderie Vincent. Les pièces à restaurer feront l’objet d’un déplombage, d’un sablage, de nouvelles pièces renforceront la structure de l’intérieur, suivront ensuite les étapes d’assemblage, d’anticorrosion, de masticage et de peinture. Un travail sera également réalisé pour retrouver la teinte originale de chaque partie.

Un des 4 éléphants a été scanné afin de garder une trace de leur morphologie exacte…

Bas-relief à la Fonderie Vincent - © Sergio Palumbo - 123 Savoie« Je suis impressionné par le savoir-faire et la maîtrise de l’entreprise, explique Jean-Claude Davoine, adjoint aux travaux et au patrimoine historique. Ces professionnels connaissent les techniques du passé adaptées à la conservation du patrimoine, qui vont nous permettre de le transmettre aux générations futures. Nous ne sommes que des intermédiaires. J’ai été ému de voir les éléphants ainsi en plusieurs parties. Ils sont en cure de régénération. Ils vont nous revenir guéris« .

Les bas-reliefs et les trophées déposés début janvier sont également en cours d’analyse et de restauration à la fonderie Vincent. Leurs dessins et leurs représentations sont d’une grande qualité. « Il y a un travail des détails, une qualité et un soin des pièces qui peut laisser penser que le sculpteur, Pierre-Victor Sappey, s’est appuyé sur le travail de ses élèves pour réaliser les bas-reliefs. Le drapé des vêtements, les visages, laissent penser que l’inspiration vient de vrais personnages« , a indiqué Jean François Grange Chavanis, architecte des monuments historiques.

 

Un éléphant scanné en 3D

Arrivés à la fonderie Vincent, l’un des 4 éléphants a été scanné afin de garder une trace de leur morphologie exacte. En raison de sa taille imposante, le scan a été réalisé en trois fois grâce à un bras de numérisation qui permet de créer un objet informatique d’une grande précision enregistrant l’ensemble du relief et des imperfections. « De tels fichiers vont permettre de conserver une mémoire informatique des éléphants. Cela pourra servir pour reproduire par exemple des maquettes ou des modèles réduits« , a expliqué Catherine Kuenemann, chargée de la maîtrise d’ouvrage.

Un des Eléphants scanné à la Fonderie Vincent 1 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie Un des Eléphants scanné à la Fonderie Vincent - © Sergio Palumbo - 123 Savoie

Le 5ème éléphant

Des élèves du lycée Monge et de l’ENAAI (Enseignement aux arts appliqués et à l’image) ont participé à la visite à la fonderie Vincent dans le cadre du projet « l’industrie épate la galerie ». Pour ce travail autour de la photographie et de l’industrie, les élèves du lycée professionnel ont créé un compagnon aux célèbres pachydermes Chambériens, une sculpture baptisée Né du fer, le 5ème éléphant. Les étudiants de l’ENAAI (Enseignement aux Arts Appliqués et à l’Image) apportent la touche graphique (planches BD, croquis, installations…) à l’aventure.

Visite des Eléphants à la Fonderie Vincent 2 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie

Le projet vise à porter, à travers le prisme artistique, un « regard-découverte » sur l’industrie. Autour de ce thème, les bibliothèques et la CCI Savoie vont organiser conjointement une série d’ateliers, de conférences, de rencontres et d’animations du 24 février au 25 avril 2015. Luc Bellon, de la fonderie Vincent, viendra à cette occasion faire une conférence sur les travaux de restauration de la fontaine des éléphants le 2 avril prochain.

Merci à la Ville de Chambéry qui nous a permis de réaliser ce reportage photos, et à la Fonderie Vincent de nous avoir ouvert ses portes.

La fonderie Vincent

Fonderie Vincent 1 - © Sergio Palumbo - 123 SavoieFondée en 1880, la Fonderie Vincent à Brignais dans le Rhône emploie 40 salariés sur deux sites. Elle partage son activité entre la réalisation de pièces à l’échelle industrielle et la restauration d’œuvres d’art, comme le travail en cours sur les éléphants de la fontaine. La fonderie Vincent a participé à la restauration réalisée dans le milieu des années 1980 sur les éléphants. Pour l’occasion, un hangar avait été construit. L’un des salariés de l’époque, aujourd’hui retraité, va revenir pour former une compagnon du devoir, fondeur, qui réalise sa dernière année de compagnonnage au sein de la fonderie Vincent.
Fonderie Vincent - © Sergio Palumbo - 123 Savoie Fonderie Vincent 2 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie
Fonderie Vincent 3 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie Fonderie Vincent 4 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie
Fonderie Vincent 5 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie Fonderie Vincent 6 - © Sergio Palumbo - 123 Savoie

Pour en savoir plus...

A la mort du Général de Boigne, né Leborgne, la ville de Chambéry décida d’élever un monument en son honneur. Un concours fut lancé en 1832 et dix-sept projets furent présentés…

Le 17 décembre 2014 les quatre éléphants ont quitté Chambéry pour rejoindre Brignais dans le Rhône. Le premier des quatre revient chez lui…

Ne dit-on pas qu’une petite souris peut effrayer un éléphant ? A Chambéry ce n’est pas le cas, puisque nos quatre stars sont simplement parties pour se refaire une beauté…

Après avoir fait fortune aux Indes, Benoît Leborgne revient s’installer à Chambéry où il fait preuve d’une grande générosité. Il développe des fondations pour aider les démunis et finance la construction de monuments pour embellir la ville…

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1 commentaire

chaix-duvernay Jacqueline 7 février 2015 - 15 h 29 min

Voilà un passionnant reportage sur le séjour en clinique de nos chers pachydermes. Les photos de ces vieux amis en morceaux nous donnent un pincement au coeur, mais la chirurgie était inévitable.
J’attends leur retour avec impatience !
Merci pour cet excellent article.

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