Portrait
Bénédicte Cazanave, présidente par intérim de la FFCAM
Bénédicte Cazanave assure depuis le 1er mai la présidence par intérim de la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne, après la démission de Nicolas Raynaud. Aujourd’hui retraitée de la magistrature, cette férue de littérature, originaire de Marseille, a toujours œuvré pour un rapprochement entre le monde du droit et celui de la montagne.
Première présidente de la FFCAM
« La montagne a toujours été présente dans ma vie« . Bénédicte Cazanave est née et a grandi à Marseille, dans une famille de passionnés des cimes, ses parents ayant, comme souvent à l’époque, découvert et partagé les activités de montagne grâce au scoutisme. Été comme hiver, les vacances familiales se déroulent dans la vallée de la Guisane (Hautes Alpes), où elle découvre le ski et les balades en montagne, et la dimension esthétique du milieu montagnard. « J’aime évoluer dans cet univers que je trouve fascinant de beauté. Dans la pratique de l’alpinisme ou du ski de randonnée, on éprouve parfois un aspect transcendant, presque mystique…« .
La montagne, mais aussi les mots. Passionnée de littérature, baignée très tôt dans l’œuvre de Frison-Roche et Samivel, elle aime particulièrement le théâtre et la poésie. Ce goût pour les livres la conduit à s’inscrire à la Faculté d’Aix-en-Provence, où elle étudie les lettres et, en parallèle, le droit. Après une succession de hasards, même si elle reconnaît que le hasard est toujours un peu « téléguidé », elle passe le concours de la magistrature, qu’elle réussit du premier coup. Elle débute sa carrière comme juge d’instruction, à Bonneville, en Haute-Savoie, et la poursuivra, comme magistrat du siège généraliste, dans diverses affectations jamais très éloignées des reliefs. « Le droit, que je vois comme un outil, n’est pas un but en soi : ce sont les relations humaines qui m’intéressent avant tout. Le droit est partout, en fait, c’est ce qui fixe le cadre et permet en définitive de vivre ensemble…« . Elle adhère au Club alpin à l’âge de vingt ans, d’abord à Aix-en-Provence, où elle rencontre le père de ses deux enfants, et aujourd’hui à Marseille : « Le Club Alpin Français, au sein duquel j’ai beaucoup pratiqué, est la structure de base de la montagne pour les gens de ma génération : il a une dimension historique et presque romantique…« .
Son investissement dans les instances nationales de la FFCAM va se concrétiser via ses compétences juridiques, alliées à sa connaissance de la montagne. En 2005, elle devient membre du comité juridique de la fédération, alors présidé par le magistrat Robert Fabre : composée de juristes d’horizons divers, cette structure est une cellule d’appui à la décision pour les dirigeants de la fédération. Le comité juridique est une manière de concilier ses deux passions, et d’œuvrer à un rapprochement : « C’est une ligne directrice dans mon parcours : créer des passerelles entre deux univers qui s’ignorent et se font mutuellement peur, le montagnard a peur du juge et le juge, comme le grand public, est à la fois fasciné et terrifié par la montagne, la prise de risque qu’elle induit parfois et l’inconnu que cela représente… ». Si elle constate que la connaissance entre les deux milieux s’est améliorée, ces deux univers demeurent selon elle « encore très éloignés« .
Elle entre au comité directeur national en 2010, lors de l’assemblée générale de Grenoble, intègre le bureau fédéral en 2011 et, en 2017, devient secrétaire général. Au cours de ses différents mandats, elle a notamment travaillé sur la réforme des statuts fédéraux (adoptés en 2016). « Ce travail a été important car il a permis de structurer l’équipe dirigeante autour d’un projet élaboré collectivement…« . Comme elle l’explique, la démission de Nicolas Raynaud (annoncée le 12 mars, à Paris, lors de la 149ème assemblée générale), ne modifie en rien le projet ni l’équipe dirigeante qui le porte pour l’olympiade 2021 – 2024 : « L’esprit Club alpin – Horizon 2024 ».
« Il existe à ce jour un enjeu crucial, qui fonde mon engagement pendant cette période transitoire: faire en sorte que la fédération continue à fonctionner dans les meilleures conditions possibles, et la mettre en ordre de marche pour qu’en janvier 2023, lors de la 130ème assemblée générale qui aura lieu au Mans, un nouveau président soit élu pour achever l’olympiade. La FFCAM, à laquelle Nicolas Raynaud, par son action, a su donner une place prépondérante dans le monde de la montagne, est une structure extrêmement vivante, apte à transmettre la culture montagne aux générations de demain, culture qui devra participer à la prise de conscience et au passage à l’action face au changement climatique ».