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    Monuments religieux :
    Pontcharra :
    + Monuments religieux
    Pontcharra
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    • Sergio Palumbo | dernière mise à jour : 30/12/2004
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    e cimetière de Pontcharra
    André ARMAND et Marilyne Falquet pour 123 Savoie
    Cimetière de Pontcharra
    Cimetière de Pontcharra
    Cimetière de Pontcharra
    Cimetière de Pontcharra
    Cimetière de Pontcharra
    Cimetière de Pontcharra
    Rencontre avec Sylvie Vincent, Conservateur Territorial du Patrimoine, Conservateur des Antiquités et Objets d'Art du département, " à la Conservation du Patrimoine de l'Isère ", au Musée Dauphinois de Grenoble, depuis 1992. Auteur de plusieurs publications.
    123 Savoie vous entraînent dans une visite guidée à Pontcharra dans la vallée du Grésivaudan...
    "Au mois de novembre, trois fêtes invitent les croyants et les non-croyants à se recueillir, dans les cimetières, sur les tombes de leurs ancêtres et également autour des différents monuments érigés par les municipalités et associations patriotiques".

    • Le 1er novembre, reste dans l'esprit de la tradition judéo-chrétienne la fête de tous les saints connus et inconnus.
    • Le 2 novembre commémore la fête des morts.
    • Le 11 novembre, célèbre avec les autorités militaires, civiles, religieuses et les populations, l'Armistice 14-18, en hommage à tous ceux et celles qui ont laissé leur vie sur les champs de bataille !

    Symbole de ces rassemblements familiaux et collectifs, le cimetière est un périmètre incontournable, dans l'acquisition des propriétés foncières des communes. Au delà de l'aspect législatif, de la notion de service public, le cimetière communal de plaine, de ville, de montagne a une fonction patrimoniale et cultuelle !
    Excepté le cénotaphe, " tombeau vide ", sous différentes formes et fonctionnalités, parmi le mausolée, la nécropole, la tombe, le tombeau, le cimetière est " le dortoir des morts " ! C'est le lieu que les vivants choisissent pour le dernier sommeil ! Un dépôt transitoire dans l'attente de la résurrection ou d'un dépôt définitif voué à l'anéantissement total. Notre civilisation a toujours dû partager cette cohabitation des morts et des vivants. Le cimetière accueille des hommes et des femmes de toutes conditions sociales qui ont fait effectivement au cours des siècles, l'histoire de nos communes, petites gens et notables ! Pour visiter un cimetière, il faut ouvrir le portail grinçant, affronter le soleil, s'imprégner du lieu, rentrer dans ce carré très intimiste chargé de souvenirs avec beaucoup d'humilité. D'une tombe à l'autre, à la lecture des épitaphes, épigraphies, de l'ornementation sculpturale se dessine le parcours sinon la trame de l'existence terrestre du défunt, sachant qu'avec beaucoup de philosophie, l'homme qui s'incline devant la tombe fait partie du commun des mortels !

    Un patrimoine méconnu


    Avec beaucoup de passion et de conviction, Sylvie Vincent, Conservateur Territorial du Patrimoine, Conservateur des Antiquités et des Objets d'Art à la Conservation du Patrimoine de l'Isère, au Musée Dauphinois de Grenoble donne son assentiment sur le cimetière, à partir de son expérience professionnelle : " Je suis historienne d'art, mais j'aime tous les types de patrimoine, je suis une généraliste du patrimoine avec le patrimoine industriel y compris les cimetières " ! Ce patrimoine funéraire mérite d'être pris en compte et d'être sauvegardé au même titre qu'un château, église ou statue !

    Originaire de Vierzon, une ville industrielle du Cher, Sylvie Vincent, doit son attrait pour l'histoire et la visite des sites historiques, de châteaux, d'églises à son père, employé de banque. Elle a commencé par une formation aux Beaux Arts à Bourges, se prédestine au métier d'architecte d'intérieur. En faculté, à Tours, en Touraine, elle passe un D.E.U.G, de l'histoire de l'art en deux ans. L'année suivante, à Paris 4 Sorbonne, elle décroche une licence en histoire de l'art. Elle rencontre Patrick Léon, Conservateur du Service Régional de l'Inventaire, dont la mission d'Etat est le recensement au patrimoine national et industriel. Il l'initie aussi au patrimoine industriel de Vierzon, sa ville natale. Habitante à proximité de la forge, elle en étudie le processus de construction, l'étude des plans et bâtiments. Elle passe sa maîtrise de l'histoire de l'art intitulée : " Aux origines d'une grosse forge : La forge de Vierzon 1776-1782 ", sous la direction de Denis Woronoff, professeur à l'Ecole des Hautes Etudes à Paris. Sylvie Vincent, après un an et demi de formation à l'Ecole de l'Histoire de l'Industrie du Patrimoine à Paris, passe son concours de Conservateur du Patrimoine en 1990, avec spécialité : Musée de l'industrie.

    En 1992, Sylvie Vincent, très déterminée, confie " Je veux travailler avec Jean Guibal, conservateur en chef du Musée Dauphinois, qui vient de créer, le service : Conservation du Patrimoine de l'Isère à Grenoble ". Elle se voit confier deux missions : " Je travaille pour l'Etat et avant tout pour le département qui est mon employeur " ! Le service " Inventaire du Patrimoine du Département ", se compose de quatre conservateurs et deux architectes. Dans sa mission de Conservateur des Antiquités des départements et d'Objets d'Art, Sylvie travaille avec une assistante. L'ensemble du personnel fonctionne avec ses compétences et disciplines respectives : trois collègues dans la période médiéviste, tandis qu'avec deux architectes, elle intervient pour la période du 16ème au 21ème siècle, dans lequel est englobé le patrimoine méconnu et reconnu des cimetières !

    Sa rencontre avec Jean Olivier Majastre, Professeur de Sociologie à Grenoble, lui fait découvrir le cimetière Saint Roch à Grenoble et ses 25 000 concessions. Elle nous raconte ses premières réactions : " Je commence par une vision d'ensemble des cimetières du département ". Le patrimoine funéraire est aussi le reflet de l'histoire d'un territoire, celui ci se révèle par les tombes : les matériaux locaux, la transmission des savoir-faire avec les tailleurs de pierre du 19ème siècle jusqu'en 1950, les marbriers qui ne sont par forcément des sculpteurs. Dans le territoire des protestants, les tombes sont aussi en plein champ, elles sont ancrées dans l'histoire des religions, des rites et des coutumes. Ce patrimoine traduit aussi l'histoire économique et industrielle des communes : avec la présence des tombes des industriels, des notables et des émigrés. Les tombes sont les reflets de la population : russes, portugaises, algériennes, italiennes. La tombe, insiste Sylvie " est une affirmation du statut social : médecin, notable, avocat, le pharmacien avec le vase d'Esculape.... La tombe est matérialisée par des représentations et symboles : blé, compas, équerre, fil à plomb, truelle, liés à l'esprit corporatiste ".

    Au delà de l'esthétique, de la banalité, la tombe affirme la personnalité du défunt. Ainsi sur la tombe, de Sophie Desprez, épouse Riondet, décédée en I885, au cimetière de Pâquier à Saint Martin de la Cluze, sa famille a inscrit l'épitaphe suivante : " Elle fut bonne ménagère, aussi elle emporte les regrets de son époux et de sa famille ". L'inscription funéraire découverte sur une croix dans un petit coeur d'émail de Marie Reyboz dans le cimetière de Saint Vérand, près de Saint Marcellin,est tout aussi révélatrice : " Marie Reyboz, servante à la cure ". C'est toute une vie, sans doute humble, résumée par ces quelques mots ! Sur la tombe de Charles Boulle, agriculteur, mort à la guerre de 187O, deux représentations sculptées ornent sa tombe dans le cimetière de la Combe de Lancey dans le Grésivaudan : une charrue accompagnée d'outillage agricole et d'épis de blé symbolisent son métier d'agriculteur. A Pontcharra, dans l'un des cimetières, sur la tombe de la famille F Jallabert, sont représentés : " le laboureur en train de retourner le sillon, sa charrue tirée par deux boeufs et les emblèmes de la terre : le blé, le raisin ". A Allevard, la tombe de Pierre Villiot, fondateur des eaux minérales, s'agrémentent d'une baignoire. A Barraux, deux tombes ont pour motifs : l'équerre, le compas, une truelle et le fil à plomb. Il est difficile de dire s'il s'agit d'une corporation attitrée au défunt ou à une loge franc-maçonnique. Dans un autre cimetière, confirme avec étonnement, Sylvie, des sépultures parlent d'elles mêmes. A Domène, sur deux tombes, deux papetiers, sans doute très procéduriers, sont immortalisés face à face dans une attitude de haïssement. Il y a en conséquence, un rapport très émotionnel, direct avec le dessus et le dessous de la stèle ! Ce sont finalement des vies flambées, comme les virgules de l'épitaphe ! Le cimetière nous aide à comprendre l'intérêt à rompre l'anonymat des vies.

    Aujourd'hui, de plus en plus de tombes sont en reprises de concessions par les mairies. On supprime les tombes anciennes considérées comme du patrimoine. Sylvie Vincent préfère opérer seule dans l'inventaire des cimetières du canton de la Mure, du canton de Corps, du canton du Valbonnais. " Je me suis faite une méthodologie, dans le regard, dans la perception, ma sélection se fait par la qualité artistique des épitaphes, de l'esthétique, de l'environnement ". Pour notre conservateur territorial du Patrimoine, le cimetière n'est pas un endroit triste, mais un lieu de vie de sociabilité où se dégagent calme, sérénité, beauté et diversité. Le message qu'elle livre aux lecteurs et aux générations est très réaliste : un appel aux municipalités, aux professionnels de l'art funéraire : " J'ai très peur que les cimetières et colombariums deviennent des lieux aseptisés " ! La nouvelle génération de tombes en granit gris, impersonnelles, standardisées, ne sont pas belles. Les tombes sculptées sont plus chaleureuses, plus modestes. Au delà de nos rapports avec la mort, de sa capitalisation, le cimetière est un élément prépondérant du patrimoine bâti de la commune, dont l'un des devoirs est sa préservation légitime ! Chaque être humain en quête d'identité et d'absolu aspire à bien réussir son mariage, son divorce. Il a aussi le droit de bien réussir sa mort, le droit de choisir son lieu de repos éternel !.......

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