Les explosions des combats firent en 1914, comme 30 ans plus tard, de lourds dégâts en Savoie. |
| Le 1er août 1914, l'Allemagne et la France décrétaient la mobilisation générale de leurs armées à l'issue de cinq semaines de crise diplomatique déclenchée par l'assassinat de l'archiduc héritier d'Autriche et de sa femme, à Sarajevo, le 28 juin 1914. Le soutien suspecté de la Serbie à l'assassin, une alliée de la Russie entraînait l'Autriche à déclarer la guerre à la Serbie, le 28 juillet. Le 1er août, l'Allemagne déclarait alors la guerre à la Russie, puis le 3 août à la France. Dans cette cascade désastreuse, l'Angleterre déclarait la guerre à l'Allemagne, le 5 août.
Par le jeu des alliances, deux blocs allaient s'affronter : la Triple Alliance ou Triplice regroupait l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie (celle-ci changera de camp) face à la Triple Entente formée par la France, l'Angleterre et la Russie. Par leurs puissances coloniales, ces Etats enclenchèrent la première guerre mondiale. La mobilisation s'effectua rapidement, parfois avec enthousiasme. Les Savoyards voyaient dans la France, la victime d'une injuste agression et exigeaient vengeance. Alors que le sentiment populaire misait sur une guerre courte, elle dura quatre ans, étendue sur 850 Km de la Mer du Nord à la frontière suisse.
En Savoie, l'impact marquant prit corps dans une censure aiguisée de la presse. Les journaux se percèrent d'espaces blancs. L'Echo de la Maurienne protesta en 1915, dans un article intitulé : " De la pluie et du beau temps ". Son auteur y expliquait comment " Tous les sujets m'exposent aux rigueurs de la censure. Ces blancs plus ou moins étendus sont autant de diminution de notre personnalité ". Discrètement signalés dans les articles, plusieurs événements marquèrent l'actualité savoyarde, notamment en Maurienne. Le 7 novembre 1916, les généraux français de Castelnau, Joffre et le général italien Cadorna se rencontraient à Saint-Michel-de-Maurienne pour coordonner les efforts militaires alliés. Le 19 avril 1917, une première conférence en gare de Saint-Jean regroupait Lloyd George, Ribot, Sonnino et Boselli pour évoquer le partage des zones d'influence dans le Proche Orient. Le 25 juin 1917, le généraux Foch et Cadorna se retrouvaient, toujours à Saint-Jean, et prenaient même le temps de faire une courte visite de la ville et de la cathédrale.
De nombreux militaires restaient également massés en basse Maurienne. Le fort d'Aiton, construit de 1875 à 1880, passa du dépôt de mines et de poudre, à l'accueil de troupes. L'attitude de l'Italie n'étant pas sûre après la déclaration de guerre, le fort accueillit des hommes, certains logés chez l'habitant durant un an. Aiguebelle abrita, elle, un hôpital militaire jusqu'en 1915, date où le docteur Piot ne pouvant assurer le service, malades et blessés furent dirigés vers les hôpitaux de Chambéry. Autre évolution marquant, le travail des femmes se structura. La paysanne suppléa l'homme absent et combattant, taillant et préparant la vigne, labourant pour assurer les semailles...
Jean Prieur, historien |
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