Sylvie Gotteland, guide-conférencier |
| Le regard bleu vif, les mèches blondes flottant au vent, Sylvie Gotteland ajoute à un physique sportif, un sourire généreux qui engage à la conversation. Aux premiers échanges, des qualités transpercent. Le propos est simple mais séduisant, l'enthousiasme perceptible et surtout, la veine historique alimente une passion manifestement illimitée pour le patrimoine savoyard. |
Jeune quadragénaire, Sylvie Gotteland exerce ce qu'elle revendique comme un vrai métier : guide-conférencier du patrimoine des Pays de Savoie, attachée à la Fondation pour l'action culturelle internationale en montagne (FACIM).
Missionnée par le Conseil général de la Savoie et le Ministère de la Culture pour animer, à la veille des Jeux Olympiques d'Albertville, les pays d'art et d'histoire que constituent les vallées de Maurienne et de Tarentaise, la FACIM s'attache depuis 1991, à valoriser "le développement scientifique, technique, social ou artistique de la communauté humaine" comme le stipule son article 1er. Depuis, la fondation a pénétré dans le détail le patrimoine original de la Savoie, puisant dans les églises et chapelles des communautés villageoises, dans les paysages façonnés par des générations de montagnards et dans les révolutions économiques du XXe siècle des circuits à thèmes accessibles à tous les publics. Les "Chemins du Baroque", les "Pierres-fortes de Savoie" côtoient ainsi les "Terres des Alpes" et les "Archipels d'altitude". Cette diversité rurale née d'un patrimoine local pléthorique a séduit Sylvie Gotteland, une Bretonne d'origine, installée à Bellentre depuis vingt ans et véritablement absorbée par les savoirs d'antan.
S'agirait-il d'une réminiscence de ses études "tourisme", voire de sa carrière d'accompagnatrice au sein d'agences de voyages ? "A la naissance de mes enfants, j'ai désiré me stabiliser" indique-t-elle. Quoi de mieux pour s'ancrer, en effet, que de fouiller les fondements de l'histoire locale ? En 1990, Sylvie devient guide du patrimoine des Pays de Savoie. Sa passion dévorante pour l'histoire la motive pour une seconde formation. En 1995, elle acquiert le titre de guide-conférencier, reconnu par l'Etat. Dès lors, les visites commentées se succèdent, principalement sur son terroir qu'elle connaît parfaitement, mais parfois sur les terres de Maurienne ou des autres massifs du département, lieux-dits et sites remarquables qui comptent également dans ses compétences.
Exercice délicat, la visite puise dans sa faculté d'adaptation à tous les publics, la méthode pour rendre pétillante l'interprétation d'une peinture, l'analyse d'un décor, l'observation d'une bâtisse. " Le baroque savoyard est une forme très particulière, s'empresse-t-elle d'ajouter. Je me souviens avoir encadré des groupes très pointus. Dans ce cas, mieux vaut connaître le baroque dans sa globalité " fait-elle remarquer. Connaître, derrière le mot, des heures à chercher les informations, fouiller les vieux grimoires, lire des pages et des pages, abandonner l'esprit à la digestion livresque pour en restituer une forme narrative attrayante aussi bien pour les érudits que pour les familles. " Même s'il est difficile d'en vivre, c'est vraiment un métier " insiste Sylvie. " Les gens ne réalisent pas, alors qu'ils sont de plus en plus exigeants en matière d'explications, le travail important de recherche qui précède toute visite ". Malgré un statut administratif un peu flou, Sylvie Gotteland ne renoncerait pour rien à ces découvertes. Le plaisir du savoir partagé, l'inédit du contact humain, l'admiration des oeuvres passées sont autant de nourritures pour l'esprit... et le coeur.
Raphaël Sandraz, journal Alp'Horizon Savoie à Chambéry |
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