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| | Le cimetière de Charrière-Neuve à Chambéry tient de ces endroits d'exception car parmi ses 7 000 sépultures figurent plusieurs personnalités illustres qui ont marqué les terres de Savoie. Au terme de trois années d'un difficile travail de recherches, Monique Dacquin est aujourd'hui heureuse. Cette chercheuse historienne sait donner une interprétation inédite du cimetière de Charrière-Neuve. Ce lieu de recueillement se prête même à une surprenante visite guidée. Dans un minutieux labeur, l'historienne a suivi trois axes d'enquête ayant trait aux spécificités des cimetières de |
Chambéry tout d'abord, à l'évolution sociale dans la perception de la vie dans l'au-delà à travers les siècles (
des rites funéraires jusqu'aux actuelles questions de l'incinération et de l'euthanasie) et, enfin, quelles sépultures " remarquables " abritent le cimetière de Charrière-Neuve. "
J'ai recensé une vingtaine de tombes que l'on pourrait qualifier de célèbres ", explique-t-elle. "
Il n'y a pas de monuments artistiques à proprement parler, mais certaines familles se distinguent par des tombeaux imposants ". Parmi celles-ci, les lignées de grands industriels savoyards (
les noms Chiron, Jorcin et Comoz sont évoqués), certains artistes tels les peintres de la famille
Cariffa (
originaire de Challes-les-Eaux). Sur le marbre, apparaissent également les noms de
René-Maria Burlet, de
Mars Valett, sculpteur de la statue de Jean-Jacques Rousseau installée dans le clos Savoiroux. Le poète savoyard
Amélie Gex, native de La Chapelle Blanche, connut même "un mouvement posthume" lors d'un transfert de concession.
Césarine Lamartine, soeur du grand poète, repose ici, non loin d'une certaine
mademoiselle de Saint-Amour, considérée à tort comme sa nièce illégitime, fille qu'aurait eu l'homme de lettres. Les guerres ont elles aussi laissé leurs traces en ce lieu symboliques. Les combattants de l'unité républicaine, opposés à la vision de la Maison royale de Savoie sont ici inhumés. Le
baron Albert Blanc côtoie à l'entrée du cimetière
les frères Ménabréa. C'est ici que l'histoire traverse les âges à chaque dépôt de gerbes commémoratives, lorsque le consulat d'Italie installé à Chambéry manifeste son souvenir et son hommage. Autre hasard du regard porté sur les épitaphes, le nom de la
princesse Aga Khan, troisième épouse du prince surgit au détour d'une allée. A toutes ces vérités s'est parfois frottée la rumeur populaire, celle notamment qui évoquait l'inhumation de la fille de Louis Pasteur à Chambéry, information fausse in fine. En revanche, s'il est une vérité qui reste de glace face au temps, c'est assurément l'hommage porté sur la plaque d'
Auguste Coutin, disparu dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, en qualité de chef cuisinier... du
Titanic !