Elle continue tous les ans à faire perdurer ses valeurs et ses traditions en prenant dans ses rangs de jeunes guides de la vallée, intronisés lors de la traditionnelle Fête des guides, le premier week-end d’août. Un week-end festif placé sous le signe de l’amitié et du partage pour le 150ème anniversaire ! Une occasion unique de rencontrer les guides, de s’initier en douceur et en sécurité à la haute-montagne et de parfaire sa "culture montagne".
Pascal Chapelland, Président de la Compagnie des Guides de Saint-Gervais
Pascal Chapelland - © Compagnie des Guides de St-Gervais
| | Que représente cet anniversaire ?
Pascal Chapelland : L’anniversaire de la Compagnie des Guides, c’est l’occasion pour les guides de montrer le lien qui les unit à leurs clients fidèles et à la population de la vallée de Montjoie. Pendant ces journées de fête, les rencontres et l’amitié sont au rendez-vous entre les guides du Val-Montjoie, de Chamonix, du Pays du Mont-Blanc, de Courmayeur, les habitants de la vallée et les touristes dans une ambiance hautement chaleureuse. Nous sommes particulièrement fiers de partager nos valeurs et notre expérience à l’occasion de ce 150ème anniversaire. Pour célébrer l’évènement, nous vous invitons à vivre un week-end festif et convivial autour d’un programme original : spectacle dans le centre-ville, distribution des médailles du cent cinquantenaire, sortie et dédicace de notre livre sur l’Histoire de la Compagnie "Les Enfants du Mont-Blanc" (lire l'article)… |
Qu’est-ce qui vous plaît dans le métier de guide de haute montagne ?
Pascal Chapelland : Aider mes clients à se dépasser, à repousser leurs limites en douceur et les entendre dire : "Jamais je n’aurais cru pouvoir faire ça !". J’ai souvenir d’une famille dont le père et les enfants me sollicitaient régulièrement pour réaliser l’ascension de très beaux sommets. La maman, moins sportive, était exclue de la tribu. Un été, je l’ai convaincue d’essayer. Je l’ai initiée progressivement à l’escalade. En fin de saison, elle a réalisé l’ascension de l’arête Sud de l’Index, une grande classique du massif des Aiguilles Rouges, une voie facile où l’on prend néanmoins toute la dimension de l’ambiance montagne. Elle était fière ; et moi aussi !
Qu’est-ce qui fait la richesse de la relation entre un guide et ses clients ?
Pascal Chapelland : Même si nous sommes avant tout des amateurs du haut-niveau, être guide, ce n’est pas rechercher l’exploit. En tant que professionnel, j’aime partager ma passion et créer des liens. En montagne, on ne peut plus se cacher derrière son statut social, les masques tombent. Les gens se révèlent, tels qu’ils sont avec leurs bons et leurs mauvais côtés. Au fil des courses en montagne et des nuits en refuge, la relation avec nos clients s’enrichit, nous apprenons à nous connaître, tels que nous sommes ; nous nous confions. L’aventure humaine compte tout autant que la quête des sommets, voire plus.
Quels sont les conseils que vous donneriez à un apprenti montagnard ?
Pascal Chapelland : Développer sa culture montagne ! Pour cela, pas de secret, il faut prendre son temps. Commencer par la randonnée pédestre en moyenne montagne, allonger progressivement les itinéraires sur deux jours avec une nuit en refuge, maîtriser les bases de l’escalade, apprendre à marcher encordé sur la glace avec des crampons puis seulement se lancer à l’assaut de points culminants. Contrairement aux idées reçues, la quête du sommet n’est pas une fin en soi, l’apprentissage de la montagne se fait petit à petit. Il s’agit d’appréhender un mode de vie où la patience, l’adaptation et l’humilité sont de rigueur. Savoir faire demi-tour, renoncer à une course font partie intégrante de cette culture montagne.
Quelles sont les courses d’initiation que vous proposez ?
Pascal Chapelland : Elles sont nombreuses dans la région ! On peut citer par ordre de difficulté, de la moyenne montagne à la haute montagne : le refuge de Tré-La-Tête, le refuge des Conscrits, le Mont Tondu, l’Aiguille de la Bérangère et la traversée des Dômes de Miage. L’ascension de sommets mythiques tels que le Mont-Blanc devrait être l’aboutissement d’une carrière d’alpiniste et non un point de départ !