1812 – 1846 : la Restauration
Réalisation en collaboration avec Daniel Bouvier-Belleville, Sergio Palumbo et Stéphane Coppier
Le contexte géo-politique dans l'Europe de 1812
Pour bien comprendre la réunion de la Savoie et de la France en 1860, il faut faire un retour en arrière de quelques années, en 1812.
A cette époque, la Savoie est déjà française depuis sa première annexion forcée par les révolutionnaires en 1792.
Napoléon 1er règne sur un vaste empire et il se lance à l’assaut de la Russie… qui va se solder par un échec.
Depuis la catastrophique campagne de Russie, en novembre 1812, l'Empire français est devenu fragile.
La région de la Savoie a été envahie par les Autrichiens.
Ils occupent Chambéry le 20 janvier 1814 avant d'être refoulés sur Genève, par les généraux français Marchand et Dessaix.
Insuffisant pourtant car les autrichiens reprennent l'offensive.
Le 2 avril, le général Bubna adressait depuis Chambéry une proclamation aux habitants de la Savoie, qui se terminait ainsi : "Rappelez-vous la législation sage et paternelle de l'ancienne Maison de Savoie ; comparez-la avec les 22 années de malheur qui viennent de s'écouler et jugez ! Le retour de vos princes est prochain. Savoyards, un heureux avenir est entre vos mains".
Le pays accueille avec joie cette nouvelle car elle annonce la fin prochaine de la guerre.
L'Empire capitule quand Paris fut occupé.
Le Sénat français et le Corps législatif déclarent la déchéance de l'Empereur le 2 avril 1814 et demandent à Louis XVIII, frère de Louis XVI, alors émigré en Angleterre, de monter sur le trône. Napoléon 1er signe son abdication le 6 avril 1814 à Fontainebleau.
Le traité de Paris du 30 mai 1814 fixe les frontières de la France après la première abdication de Napoléon 1er, exilé à l'île d'Elbe. Cet accord sera remis en question par l'épisode des Cent-Jours et un nouveau traité sera signé en 1815.
Le premier traité de Paris (30 mai 1814) coupe la Savoie en 2 : Chambéry et Annecy restent françaises.
Le reste est rendu au duché de Savoie.
Les discussions pour redessiner la carte de l’Europe vont se poursuivre lors du Congrès de Vienne.
Les grandes puissances d’Europe se réunirent à Vienne, en Congrès du 1er Octobre 1814 au 9 Juin 1815.
1er octobre 1814, le Congrès de Vienne
Les grandes puissances d’Europe se réunirent à Vienne, en Congrès du 1er Octobre 1814 au 9 Juin 1815.
S’y trouvaient les représentants diplomatiques des grandes puissances Européennes.
On y débâtit du principe de rendre leurs frontières aux pays avant la Révolution Française de 1798, de la circulation navale, de l’abolition de la traite des noirs et non pas de l’esclavage et de la neutralité de la Suisse.
Seuls 4 pays, l’Autriche, la Prusse, le Royaume Uni et la Russie prirent le congrès au sérieux
On trouvait à Vienne pas moins de 15 membres de familles royales, 200 princes et 216 chefs de missions diplomatiques. Mais beaucoup se perdirent dans les festivités et les réceptions. Seuls 4 pays, l’Autriche, la Prusse, le Royaume Uni et la Russie prirent le congrès au sérieux. La France sut se faire une place avec l’Espagne, le Portugal et la Suède.
Parmi les diplomates présents au congrès il y avait :
- Metternich pour l’Empire d’Autriche
- Talleyrand pour la France
- Lord Castlereagh pour le Royaume-Uni
- Le Cardinal Consalvi, Cardinal secrétaire d’Etat, pour le pape Pie VII
- Le prince Karl August Von Hardenberg pour le royaume de Prusse
- Le tsar Alexandre 1er de Russie et le Comte de Nesselrode menant en personne la diplomatie Russe
- Antoine Marie Philippe Asinari de Saint-Marsan pour le Royaume de Sardaigne
- Anton Brignole Sale, pour la République de Gênes
Le 7 Avril 1815, la Lombardie et la Vénétie furent unies par le Chancelier Metternich, pour devenir le Royaume de Lombardie-Vénétie, suite à la désagrégation de l’Empire napoléonien, et établi par le congrès de Vienne. Il fut un Etat dépendant de l’Empire autrichien.
Pour redessiner la carte de l’Europe, on racontait que l’on déroulait des cartes sur le sol. Les diplomates montraient les nouvelles frontières du bout de leurs cannes.
Les Cents-Jours
Napoléon tente de revenir mais ce sera un échec.
Le second traité de Paris (20 novembre 1815) sera bien plus sévère.
Après le retour de Napoléon 1er et la Période des 100 jours, s’ensuivit un nouveau traité de paix signé à Paris le 20 Novembre 1815. Celui-ci fut plus sévère que le précédent. Les frontières de la France furent réduites à celle de 1790, soit le Duché de Savoie et le Comté de Nice en moins.
Le Congrès de Vienne et le Traité de Paris de 1815 avaient fixé le statut international de la Suisse, garanti la neutralité et l’inviolabilité de son territoire. Aussi, Pictet de Rochement, Jean-Gabriel Eynard et François d’Ivernois s’employèrent à établir une zone neutre autour de Genève. Celle-ci comprenait une partie de la Haute-Savoie et de la Savoie.
Sa définition se terminait par : « une ligne droite d’Ugine à Faverges, une ligne droite de Faverges à Lescheraines, une ligne droite de Lescheraines au sud du Lac du Bourget, suivant la ligne est du Lac du Bourget et rejoignant le Rhône vers Culoz« . Cette zone était avant tout une précaution pour notamment les Suisses, qui voyaient là une formidable zone tampon avec la France. Cette zone devait être mise sous la défense militaire Suisse.
En 1815, le Duché de Savoie et le Comté de Nice seront rendus au Roi Victor-Emmanuel 1er de Savoie.
Victor-Emmanuel de Savoie, né à Turin le 24 juillet 1759, mort à Moncalieri le 10 janvier 1824, est roi de Sardaigne, prince de Piémont et duc de Savoie de 1802 à 1821. Il est le fils de Victor-Amédée III et de Marie-Antoinette d'Espagne.
Les Savoyards se rendront compte qu’ils sont devenus une minorité au sein du Royaume. De plus, l’expérience française a permis aux Savoyards de prendre conscience de leurs similitudes culturelles avec leurs voisins, malgré des tensions ou des exactions. En particulier, 18 lieutenants généraux, 800 officiers et 25.000 soldats de l’armée impériale étaient d’origine savoyarde, sur un ensemble de 300.000 hommes en 1814.
Alphonse de Lamartine épouse Mme Birch à Chambéry.
Victor-Emmanuel 1er abdique en 1821 en faveur de son frère, Charles-Félix.
Charles-Félix de Savoie, dit « le Bien-Aimé », né à Turin le 6 avril 1765 et mort dans la même ville le 27 avril 1831, fut roi de Sardaigne et duc de Savoie de 1821 à 1831.
Pendant le règne de Charles-Félix, seuls deux savoyards seront nommés à des ministères à ses côtés : le Comte Roget de Cholex, comme Ministre de l’Industrie, et le Comte Sallier de la Tour, comme Premier Secrétaire d’Etat des affaires étrangères. Afin de resserrer les liens entre le Royaume et le Duché de Savoie qui furent délaissés par ses prédécesseurs, Charles-Félix multiplia les actes en faveur du berceau de sa famille, notamment dans les domaines religieux et architectural.
Charles-Albert, né à Turin le 2 octobre 1798 et mort à Porto (Portugal) le 28 juillet 1849, fut roi de Sardaigne, roi titulaire de Chypre et de Jérusalem, duc de Savoie et duc de Gênes, prince de Piémont, septième prince de Carignan et comte de Barge.
En 1834, Giuseppe Mazzini essaya de provoquer un soulèvement dans le Duché de Savoie, en insufflant des idées libérales. Mais ce fut un échec stoppé par les paysans.
Avec l'ordonnance du 19 décembre 1835, le roi de Sardaigne Charles-Albert réunit les deux bourgs de Conflans et de l’Hôpital pour former Albertville.
« Dans l'intérêt réciproque des deux villes de Conflans et de l'Hôpital, il a été reconnu que leur réunion en un seul corps de communauté sera pour leurs habitants respectifs une somme d'avantages d'autant plus précieux qu'ils leur seront offerts par la nature même des lieux »
L’année 1838 marqua l’entrée de la Savoie dans l’ère de l’industrie avec la création de la première ligne de chemin de fer par Cavour, entre Chambéry et le lac du Bourget. L’agriculture se modernise peu à peu et marqua le début du thermalisme à Aix-les-bains et Saint-Gervais-les-Bains.
Le 17 août 1838, un bateau à vapeur de Lyon franchit pour la première fois les passes étroites du Canal de Savières qui relie le Rhône au lac du Bourget. Ce fut un progrès énorme pour la rapidité des communications. Dans les années suivantes, de nouvelles compagnies de navigations s’implantèrent dans la région.
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La fontaine est composée de quatre éléphants, réalisés en fonte de fer, réunis par la croupe, en forme de croix de Savoie et l’eau sort par leur trompe. Au-dessus de chaque éléphant se trouve une inscription ou un bas-relief, surmonté de divers trophées des Indes.Lire notre article
Le pont ouvre la route qui relie Cruseilles à Allonzier-la-Caille. Il est inauguré le 11 Juillet 1839, en présence du Gouverneur général du Duché de Savoie, représentant de sa Majesté le Roi de Sardaigne.
Le pont a des caractéristiques ambitieuses pour l’époque : une travée unique de 192 mètres au dessus de la vallée des Usses 147 mètres plus bas.Lire notre article
Visite du Roi de Sardaigne Charles-Albert qui a donné son nom au pont.
La République étant passée par là, le pont s’appelle aujourd’hui « Pont de la Caille ».
C’est la naissance de la saga Alpina Savoie.
L’histoire des pâtes en Savoie
Cette tradition savoyarde remonte bien avant et s’attache à l’histoire de la Savoie. Dès le XVème siècle, les pâtes ont conquis tous les états de la péninsule italienne, jusqu’au duché de Savoie. Le goût des pâtes s’est développé à Chambéry, faisant du territoire, le berceau des pâtes en France. Un premier fabricant de vermicelles, des fidés, s’installe à Chambéry peu avant 1730. Les pâtes deviennent un aliment incontournable en Savoie et les ménagères les concoctent elles-mêmes. Elles portent alors le nom de taillerins, de crozets suivant leurs ingrédients et leurs formes.
En 1800, le façonnage évolue vers l’artisanat.
En 1844, Antoine Chiron implante son moulin à Chambéry, c’est la naissance de la saga Alpina Savoie. L’entreprise Chiron se démarque en développant une gamme de pâtes originale « Nouilles au lait des Alpes », « pâtes aux œufs » ou à l’eau ferrugineuse.
En 1870, il existe plus d’une vingtaine d’entreprises à Chambéry et à Aix-les-Bains, utilisant la force hydraulique. La production se mute en industrie, s’appuyant sur la révolution industrielle de la houille blanche, mais aussi sur l’avancée technologique avec notamment le percement du tunnel du Fréjus en 1871 qui ajoutent au blé arrivant de Crimée, les productions italiennes.
En décembre 1845, le roi Charles-Albert gouverne les Etats Sardes de la Savoie à Nice, en passant par la Vallée d'Aoste et le Valais. Sur ce vaste territoire, une infirmité préoccupe pourtant le pouvoir : les 7.084 crétins recensés dans les quatre coins du royaume....Lire notre article
1846, le Risorgimento
Mais à partir de l’année 1846, une fissure se créa entre les Savoyards et le Roi Charles Félix. Ce dernier opta pour une politique à deux tendances :
- Une tendance républicaine et révolutionnaire inspirées de Mazzini.
- Une tendance monarchique favorable à des libertés politiques et à des progrès économiques appelée « Risorgimento ».
L'histoire de la Savoie ne s'arrête pas là...
Le Comté de Savoie apparaît en l’an 1032. C’est une période emplie de religion : on construit les chartreuses et on part en croisade, mais aussi une période de souffrance avec la peste et les famines liées aux aléas du climat. Chaque petit seigneur essaye de se faire une place par les armes ou par les alliances…
Le Comté de Savoie devient un Duché. S’ensuivent 3 siècles d’alliances, de guerres et d’occupations durant lesquels on verra un duc de Savoie devenir Pape, la possession du Saint-Suaire et le déplacement de la capitale de Savoie à Turin.
Les temps changent, on invente l’imprimerie et on découvre l’Amérique…
Rois de Sicile en 1713 puis rois de Sardaigne en 1720, les ducs de Savoie et souverains piémontais poursuivent tour à tour une politique de mécénat artistique, transformant au XVIIIème siècle la cour et la ville de Turin en un grand centre actif de création stylistique et culturelle.
Janvier 1794, en France, le gouvernement révolutionnaire détient l’autorité suprême, et lance une virulente réprimande contre les Religieux de Savoie. Quelques années plus tard, les savoyards rebâtiront leurs clochers, donnant naissance à la célèbre fonderie des cloches Paccard…
Novembre 1812, Napoléon vient de perdre la campagne de Russie. Cet événement va redessiner entièrement la carte de l’Europe et notamment de la Savoie française qui est rendue au Duché de Savoie. Pour la population, cette période, connue sous le nom de « la Restauration », consistait au retour à la souveraineté monarchique…
Appelée Sapaudia au Moyen-âge, la Savoie devient un comté, puis un duché en 1416. Elle est annexée à la France par le traité de Turin en 1860…